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tiburcereal

Article suite à la projection de De l'autre côté du mur à la SACD du 19 janvier 2022

De l’autre côté du mur

FB n’est pas uniquement un univers abrutissant qui résonne de nos égos à l’étroit dans la vraie vie. C’est aussi l’occasion de discuter art, goûts, sensibilités. N’étant pas journaliste, je peux me permettre d’utiliser le « je » pour parler d’un film ou d’un livre. En l’occurrence d’un petit miracle vu ce soir à la SACD intitulé De l’autre côté du mur.

J’y suis allée par curiosité grâce à une invitation de dernière minute d’un ami virtuel, le réalisateur et producteur Bruno François-Boucher dont je suis avec intérêt les posts et commentaires (en plus, il est vendéen .)

Il a produit ce film d’un peu plus d'une heure réalisé par Tiburce et tourné à Bois-Le-Roi.

Étant très mauvais public, adorant le cinéma et le connaissant bien, je suis une spectatrice impitoyable. Je ne supporte pas, dans un livre comme dans un film, ce qui sonne faux : une situation fausse, un dialogue improbable me font bondir.

Là, j’ai plongé. Et pourtant, tout était au rendez-vous pour me rebuter : quasiment pas de dialogues, des effets stroboscopiques qui fatiguent ma vue déjà un peu abîmée… Mais quelle maîtrise du rythme, quelle logique dans ce huis clos… sans dévoiler l’intrigue qui va au bout de son idée (je me suis fait avoir, j’imaginais une fin très différente alors que la cohérence exigeait cette fin-là), De l’autre côté du mur est au carrefour de deux influences : celle des films muets de l’époque expressionniste allemande - le héros pourrait sortir d’un film de Murnau - et une autre, plus récente : le désespoir du quotidien que décrit si bien Houellebecq. Ce mélange de réalité parfois cruellement drôle et de puissance un peu baroque pour illustrer le rêve marche très bien. C’est d’autant plus étonnant que ce film a été tourné en 6 jours (mais, ne nous y trompons pas, il a nécessité un énorme travail de montage ultra minutieux pour arriver à une telle qualité de rythme, on ne lâche pas l’intrigue), n’a reçu aucune aide du CNC et en dépit de moyens dérisoires a raflé un nombre incroyable et mérité de prix à l’étranger. Jugez du peu : Munich, Miami, Chicago, Los Angeles, Lisbonne, Barcelone et j’en oublie.

J’ai été frappée par la simplicité, la modestie du réalisateur présent dans la salle, la jeunesse du chef’op et la bienveillance du producteur.

J’ai laissé à contre cœur l’équipe qui partait prendre un café ensemble et qui avait invité tous les spectateurs à venir la rejoindre. J’aurais du y aller avec eux. J’espère que ce film à la trajectoire admirable, véritable pied de nez à l’absence de subventions, apportera à tous ses protagonistes la célébrité qu’ils méritent ; mais ils semblent si libres, si créatifs que, finalement, la célébrité…

Merci Tiburce, merci Bruno. Je suis sortie de la salle ragaillardie par tant de talent hexagonal, un peu éberluée et sciée par ce que l’inventivité peut produire sans budget ou presque. J’ai eu peur jusqu’au BOUT !

Valerie Pineau-Valencienne


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