EJECT LE FILM
journal d'une postroduction
𝐄𝐉𝐄𝐂𝐓 - 𝐏𝐨𝐬𝐭𝐏𝐫𝐨𝐝𝐮𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐉+𝟗𝟑 - 𝟏𝟎𝟐 𝐦𝐧 (provisoires)
"Début d'année ... les premiers actes de montage en 2024 ... je suis très attaché à la symbolique de l'image ... et le travail des VFX ira en ce sens ... symbolique des lieux également ... EJECT est aussi une mise en abyme des situations ... intériorité brisée, déformée ... extériorité simulée ... Marie se dévoile dans le secret de son calvaire ... et s'en remet au hasard pour faire savoir ce que personne ne pourrait imaginer ... "imaginer", "image" ... faire passer les émotions d'abord par là ... le dialogue n'est fait que pour exprimer un désarroi mais en dehors de la solitude subie dans l'ignorance des autres ... le symbole, en revanche, doit rester accessible au plus grand nombre ... la simplicité est donc de rigueur ... elle percutera le spectateur là où il a exactement besoin d'être percuté ... le renvoyer à ses peurs et à ses failles, à ses silences pour mieux le laisser entrevoir le "pourquoi" de ses réticences et de ses rejets ... l'acceptation sera tout ce qui restera en dehors de cette intériorité ... à l'inverse de ce que dit Romain Goupil dans "Lettre pour Elle", je ne pense pas que le cinéma puisse faire ressentir la même chose au même moment à toutes les spectatrices et tous les spectateurs ... chercher à plaire à tout le monde, au cinéma comme dans la vie, est une erreur et une perte de temps et d'énergie ... Moralité : faites le film qui vous convient ; il conviendra aussi aux personnes qui naviguent dans les mêmes eaux émotionnelles que vous. C'est bien là l'essentiel."
𝐄𝐉𝐄𝐂𝐓 - 𝐏𝐨𝐬𝐭𝐩𝐫𝐨𝐝𝐮𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐉+𝟗𝟎 - 𝟗8 𝐦𝐧
"Ce petit ralentissement ... une petite prise de distance ... salutaire ... puis revoir des séquences montées il y a plusieurs semaines ... trouver des axes de réduction du temps pour optimiser le rythme ... il est complexe pour un auteur de juger de la qualité de son travail. Il a en lui de la complaisance ou pas. Personnellement je n'en ai pas. Dans les deux cas l'analyse est corrompue. Si vous êtes complaisant vous surévaluerez probablement votre film. Si vous ne l'êtes pas, vous le sous-évaluerez certainement. Je trouve alors plus judicieux de me dire que la fonction d'un film, bien qu'il soit mien, n'est pas de me faire plaisir. Ni même de faire plaisir à un public. Un film se doit d'être pour lui-même et par lui-même. Il n'est pas objet de rentabilité économique (ce n'est que son exploitation commerciale qui l'est) ou affective. Il croisera forcément des émotions humaines auxquelles il ressemblera. Elles deviendront son public, large ou pas. Ça me fait penser à un enfant. On ne l'élève pas pour soi ou pour les autres, mais pour lui donner la capacité à être et à devenir le plus librement possible. Je ne pourrais pas faire de cinéma sans cette liberté du film qui devient aussi ma propre liberté de réalisateur. J'ai souvent cette impression qu'un film c'est s'amputer d'une partie de soi-même pour ensuite tout reconstituer en dehors de cette amputation."
𝐄𝐉𝐄𝐂𝐓 - 𝐩𝐨𝐬𝐭𝐩𝐫𝐨𝐝𝐮𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐉+𝟖𝟑
"De la lumière à l'ombre puis de l'ombre à la lumière ... tout en recherche graphique d'une évocation d'une histoire dans les contours abstraits d'un film qui se profile ... les pièces de ce puzzle se mettent définitivement en place ... même si leur découpage permet, tout au long de la narration, d'en deviner quelques imbrications ... 𝐄𝐉𝐄𝐂𝐓 n'est sans doute pas un film où il faut comprendre, mais un film où il faut prendre ... et de la préhension découlera la com-préhension ... y parvenir épuise mon émotion sans cesse sur le qui-vive du ressenti du bon plan au bon endroit ... du bon étalonnage dans la bonne séquence ... ressenti par l'esthétique de ce qui ne peut être exprimé par le dialogue ... quitter l'état de panique et du contrôle ... le lâcher prise à tout instant pour voir revenir le réflexe des images et de leur agencement traumatique qui font les films que j'aime ... mais la question n'est pas de savoir ce que EJECT fera pour moi, mais ce que moi je peux faire pour EJECT."